À propos
Ayelen Parolin...
Le plaisir, sinon l’obsession, de travailler le contraste, d’aller où elle n’est pas encore allée ou, plus exactement, de ne pas faire ce qu’elle sait faire – avec la tentation aussi, de ne pas faire ce que l’on attend qu’elle fasse.
Beaucoup de contraires, de contradictions... Pas un esprit de contradiction, mais le goût d’écrire à partir de contradictions. Un goût pour les extrêmes aussi, pour jouer avec les extrémités. Une insatisfaction également, qui la pousse à poursuivre.
Nature et culture ont toujours été, dans ses tréfonds, une question moteur. Un questionnement qui vient probablement de sa propre «nature», de sa propre histoire familiale: une grand-mère métisse amérindienne, une origine amérindienne «cachée», «mutine», avec laquelle elle cherche sans doute à se relier, précisément parce que cette origine était tue. Un silence qui a attisé sa curiosité, son attachement, sa volonté de s’y rapprocher. Mettre au premier plan, Ayelen, son second prénom – d’origine mapuche – vient de là.
Dès le départ, la question de l’identité, du pluriel disparate de l’identité, de ne pas lisser cette pluralité disparate, a ainsi été au centre de sa démarche. Son premier solo, 25.06.76 (2003), «collage» de ses expériences chorégraphiques passées, en est la preuve ; un premier pas.
Ne pas lisser les choses, ne pas répondre à la logique binaire de notre société occidentale (capitaliste) vient alimenter une vision/réflexion que je rapprocherais volontiers d’une posture queer. Même si elle ne le revendique pas. Même si, formellement, esthétiquement, ce qualificatif n’est pas celui qu’on lui donnerait spontanément, de prime abord. Il y a pourtant, dans sa démarche, une essence éminemment queer.
Affronter les clivages, les refuser et, en même temps, les faire se percuter. Chercher à échapper à l’éducation, aux formats, au formatage. Là encore, non par esprit de contradiction, ou pour chercher à être différente d’une quelconque masse, mais pour être soi, pleinement, avec toutes ses contradictions, ses forces et ses faiblesses. Là aussi donc, une réaction à notre logique occidentale ultra-libérale – et à ses impératifs d’efficacité et de performance. En rien une démarche individualiste, mais le désir de prôner la complexité du soi, pour mieux rendre possible la pluralité d’un nous, ensemble plus ou moins fluide et poreux de «je» résolument polymorphes.
Polymorphe (beaucoup de formes/figures, littéralement), voilà un autre terme qui lui correspond assez bien. La recherche d’une écriture à la fois profondément inscrite dans les corps et dans l’espace, et volontairement ouverte au présent, à la spontanéité – en travaillant à un état des interprètes qui puisse les amener «ailleurs».
En somme, une quête d’absolu… aussi démente qu’utopique.
— Olivier Hespel (2020)
Biographie
Chorégraphe et danseuse, Ayelen Parolin vit et travaille à Bruxelles. Née en Argentine, elle arrive en Europe en 2000 et suit la formation exerce à Montpellier. Elle débute ensuite une carrière d’interprète qui l’amène à collaborer avec Mathilde Monnier, Jean-Francois Peyret, Mossoux-Bonté, Alexandra Bachzetsis, Mauro Paccagnella et Louise Vanneste.
En 2003, elle entame une démarche personnelle avec un solo aux accents autobiographiques, 25.06.76 – en référence à sa date de naissance. Depuis lors, elle a créé une vingtaine de pièces parmi lesquelles les trios DAVID (2011) et Hérétiques (2014), le sextet Nativos (2016), le quintet Autóctonos II (2017), WEG, pièce pour neuf interprètes (2019) et, dernièrement, les trios SIMPLE (2021) et ZONDER (2023). Une œuvre résolument plurielle, protéiforme, jonglant volontiers avec les contraires et les équilibres instables ; une écriture au goût singulier aussi pour le collage de registres et de vocabulaires tous azimuts, histoire de mieux rejeter le lisse, l’univoque, le linéaire – et défendre le rugueux, le complexe, la multiplicité. Déjouer les impératifs de performance, assumer/afficher les vulnérabilités, les failles... D’autres enjeux récurrents dans le travail de cette artiste qui, depuis WEG, cherche à mettre concrètement la notion de plaisir au centre de ses processus.
Outre ces créations, développées au sein de sa propre structure (RUDA), Ayelen Parolin est régulièrement invitée à signer des pièces pour des compagnies internationales, telles KNCDC – Compagnie nationale coréenne de danse contemporaine (2016), le Ballet national de Marseille (2017), Carte Blanche – compagnie nationale norvégienne de danse contemporaine (2019), le CCN - Ballet de Lorraine (2024).
Par ailleurs, elle met en place des laboratoires de rencontres, de partage et d’échange non hiérarchiques pour tester de nouveaux modes de relation de travail et de communication au sein d’un collectif. Elle organise des échanges avec les publics, des ateliers auprès de non-professionnel·les, ainsi que des workshops pour professionnel·les en arts vivants. En termes de transmission, elle est depuis 2021 enseignante dans le cadre du Master de danse et de pratiques chorégraphiques, organisé conjointement par Charleroi danse, la Cambre/ENSAV et l’INSAS (Bruxelles).
Parmi les prix et récompenses qu’elle a reçus, on peut épingler : en 2006, lauréate des Pépinières européennes pour jeunes artistes (programme XXL) ; en 2016, le prix SACD Belgique pour l’ensemble de son travail, ainsi que le titre de « fellow » par la Fondation Pina Bausch dont elle obtient une bourse ; en 2017, le Prix de la Critique, catégorie Meilleur spectacle de danse, pour sa pièce Nativos.
RUDA a été en résidence de 2017 à 2020 auprès de Charleroi danse (Belgique), ainsi qu’en compagnonnage de 2016 à 2020 au Théâtre de Liège (Belgique). Depuis 2022, elle est en résidence au Théâtre National Wallonie-Bruxelles.
Son travail a tourné en Europe, Amérique du nord, Amérique latine, Asie et Afrique du nord. Il a ainsi notamment été montré au Mercat de les Flors (Barcelone), Freiburg Theater, Théâtre de la Ville, Chaillot - Théâtre national de la Danse, Palais de Tokyo, Centquatre (Paris) et dans de nombreux festivals dont le FIBA (Buenos Aires), KunstenFestivaldesArts (Bruxelles), Tanz im August (Berlin), Tanzmesse (Düsseldorf), Julidans (Amsterdam), Spring (Utrecht), Fringe (Édimbourg), Romaeuropa (Rome), Torino Danza, ImPulsTanz (Vienne), Festival d’Athènes et d’Épidaure, Montpellier Danse, actoral (Marseille), 100 dessus dessous, June Events (Paris).
Presse
2014.08.22_Ayelen Parolin_Focus Vif.pdf
2015.07.10_Ayelen Parolin_Le Vif L'Express Weekend.pdf
2016.02.10_Ayelen Parolin_Mad Le Soir.pdf
Partenaires
La Fédération Wallonie-Bruxelles (Service de la danse), Wallonie-Bruxelles International, Wallonie-Bruxelles Théâtre/Danse soutiennent Ayelen Parolin / RUDA.
Ayelen Parolin est artiste associée au Théâtre National Wallonie-Bruxelles à partir de 2022.
Théâtre de Liège accueille Ayelen Parolin en compagnonnage (2018-2022).
Ayelen Parolin / RUDA remercie également...
Atelier de Paris / CDCN — Aerowaves — Ballet National de Marseille CCN — Carte Blanche (Bergen) — Centre Chorégraphique National de Tours — Centre Wallonie-Bruxelles (Paris) — Centro de las Artes (San Luis Potosi) — Chaillot – Théâtre National de la Danse (Paris) — Charleroi danse — Concertgebouw Brugge — Danse à tous les étages — DC&J Création — Festival Transversales (Mexico) — Hellerau – Europäisches Zentrum der Künste (Dresden) — Instituto Cultural de Leon — Kanuti Gildi Saal (Tallinn) — Korea National Contemporary Dance Company (Seoul) — Kunstenfestivaldesarts (Bruxelles) — Le Centquatre-Paris — La Fundicion (Bilbao) — Le Gymnase CDCN (Roubaix) — Le Quartz – Scène Nationale (Brest) — Les Brigittines (Bruxelles) — MA scène nationale – Pays de Montbéliard — Montpellier Danse — Mousonturm Frankfurt — Petites Scenes Ouvertes - PSO — Staatstheater Wiesbaden — SACD — Tanz im August / HAU Hebbel am Ufer (Berlin) — Theater Freiburg — Théâtre Les Doms (Avignon) — Théâtre Les Tanneurs (Bruxelles) — Théâtre Marni (Bruxelles) — Théâtre National Wallonie Bruxelles - Théâtre Sévelin 36 (Lausanne) — Trente Trente (Bordeaux)